lundi 2 juillet 2007

"Profil" d'Oullins. Article du Groupe des élus communistes

CAPTATION D’HÉRITAGE

La décision a été annoncée par le Président de la République aussitôt après son installation lors d’une cérémonie d’hommage aux 35 jeunes résistants fusillés à la cascade du bois de Boulogne.
La dernière lettre de Guy Môquet, fusillé à 17 ans et demi par les Allemands le 22 octobre 1941 sera lue au début de chaque année scolaire dans tous les lycées de France.
On ne peut que se féliciter d’une telle initiative à l’adresse des jeunes générations qui, à leur tour, porteront le poids du souvenir.
Il est toutefois regrettable que Nicolas Sarkozy ait soigneusement évité de préciser que Guy Môquet était membre des Jeunesses Communistes et fils de député communiste alors déporté au bagne de Maison-Carrée, près d’Alger, gardé par la police française de Vichy.
Arrêté le 13 octobre 1940, bien avant l’entrée en guerre de l’URSS, Guy Môquet avait été dénoncé parce qu’avec ses camarades, il distribuait des tracts ou manifestait contre l’occupation et la collaboration.
Incarcéré à Fresnes, puis à Clairvaux, il est finalement transféré, avec d’autres
militants communistes, au camp de Châteaubriant.
Le 20 octobre 1941, un officier supérieur allemand est abattu par la Résistance à Nantes. En guise de représailles, les autorités nazies soumettent au ministre de l’intérieur de Pétain, Pierre Pucheu, une liste d’otages à fusiller. Ce dernier sélectionne alors les communistes « pour éviter de laisser fusiller 50 bons français ».
Deux jours plus tard, dans la carrière de la Sablière à Châteaubriant, 27 résistants sont assassinés parmi lesquels Guy Môquet.
Ceux que le gouvernement de Vichy considère comme de « mauvais français » tombent en s’écriant « Vive la France ! ».
Une France qu’ils rêvaient débarrassée de la peur et de la haine de l’autre.
La référence du nouveau Président de la République provoque un sentiment terriblement ambivalent. Si Guy Môquet appartient à la Nation toute entière, il n’en était pas moins communiste, antifasciste, démocrate. Entendre son éloge par un homme qui est devenu le héraut de la contre-révolution libérale, qui a construit sa victoire en absorbant une partie des thèses de l’extrême-droite raciste laisse un goût d’amertume. Le Président de la République salue Guy Môquet, c’est bien.
L’homme de droite partisan veut capter un héritage qui n’est pas le sien. Ce n’est pas très moral, et c’est même dangereux.

Robert PERRET / Jean SIRY. Groupe des élus communistes ("Profil" Oullins de juin 20007. )



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