vendredi 6 juillet 2007

Déjeuners aux frais de la princesse

Déjeuners aux frais de la princesse
La polémique a eu raison d’un des privilèges de Cécilia Sarkozy. L’épouse du président de la République a dû rendre la carte de paiement avec laquelle elle pouvait débiter à discrétion le compte du Trésor public. La semaine dernière, le Canard enchaîné avait en effet révélé que « la première dame de France » s’était offert aux frais de l’État deux déjeuners d’un montant de 129 euros et 272 euros. Des déjeunés « professionnels », avait-t-on précisé rapidement du côté de l’Élysée pour tenter de couper court aux critiques. Le porte-parole, Laurent Wauquiez, était monté lui-même au créneau pour expliquer que, « comme auparavant les précédentes épouses des présidents de la République, Cécilia Sarkozy a des frais de représentation ». Interpellé par le député socialiste René Dosière, le premier ministre, François Fillon, avait enfin assuré que « personne à l’Élysée n’utilise des cartes de crédit pour des besoins personnels », avant de s’en prendre à ceux qui lancent de « petits débats très mesquins ». Reste que les explications de l’exécutif sont pour le moins courtes. On a beau éplucher la Constitution de la Ve République, on ne trouve nulle part trace d’un statut particulier pour l’époux ou l’épouse du chef de l’État. Aucune fonction, aucune prérogative, aucun rôle dans la démocratie française. Rien ne justifie qu’un seul centime d’euro de l’argent public soit dépensé pour son compte. Après avoir accéléré la « présidentialisation » du régime, rogné les pouvoirs du gouvernement et réduit le rôle du Parlement à une chambre d’enregistrement de ses décisions, Nicolas Sarkozy semble tenter de réintroduire la confusion entre le patrimoine de l’État et celui de qui le préside. Le monarque républicain n’aura bientôt plus grand-chose de républicain.
Pierre-Henri Lab (L'Humanité)

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